Qui est la femme de Laurent Neumann
Soirée pathétique sur BFMTV : stigmatisation politiquement correcte des juifs
A la veille de la rencontre du Parti républicain autour de l’Islam, il a été donné pour assister à une soirée pathétique sur BFM-TV, à l’émission de Nathalie Lévy, dont l’invité était le dessinateur Joann Sfar. C’était une merveilleuse illustration du manque de connaissances historiques et politiques qui préside à ces débats, qui, cependant, structurent la conscience publique. Joann Sfar, dans ce cas, a joué le rôle de « l’homme honnête ». Encouragé par Nathalie Lévy, il soutenait que la rencontre républicaine stigmatisait l’islam, le distinguant de toutes les religions. Pourquoi on ne traitait pas les Juifs aussi ?
A lire également : Qui est la femme de Benjamin Griveaux
Cette référence aux juifs était au centre du débat de la soirée. Et c’est cet argument qui motive ce post parce qu’il témoigne d’une ignorance de l’histoire des Juifs de France qui conduit, en toute bonne conscience, à les stigmatiser pour ne passtigmatiser les musulmans. C’est un exemple parfait de ce type d’opération symbolique et rhétorique que le système « sans amalgame » a mis en œuvre [1] dans l’indifférence et l’inconscience générales. Cette remarque est d’autant plus logique que le panel de cette soirée réunissait trois orateurs d’ « origine juive » (Nathalie Lévy et Laurent Neumann, plus J. Sfar) confrontés à un représentant des républicains, naturellement en position d’accusé. Je souligne cette origine parce que si l’argument de référence aux juifs ne semblait pas poser de problème pour cet aréopage, c’est à cause de l’origine évidente de ses membres. Il aurait été risqué pour eux de se référer aux chrétiens comme référence comparative dans la thestigma.
A découvrir également : Écologie : nos conseils pour acheter responsable
Cela leur a permis d’isoler les Juifs de cette façon sans leur poser de problème, alors que l’argument principal de la soirée était que les Républicains stigmatisaient les musulmans en isolant leur cas du reste des autres religions. À moins qu’ils ne pensent, inconsciemment,que les Juifs sont dans le même cas que les musulmans français, dans ce cas, leur « étrangeté » à la société française ? L’origine des trois débatteurs leur a permis de s’interroger en tant que Juifs sans courir le risque d’être accusés de stigmatiser les Juifs. Cet exercice nous montre comment la classification ethnique et raciale de l’autre l’emporte désormais sur l’argument intellectuel.
Mais ici, l’origine juive a joué un rôle très précis, celui de l’objet sacrificiel permettant de procéder à cette classification, sinon très « politiquement incorrect » (croire que ce dernier n’est valable que pour protéger et éclaircir l’Islam). Celui qui prononce le discours, bref, se sacrifie (ici se stigmatise) pour fonder son jugement au profit d’un tiers.
Car toute la soirée était en effet vouée à une stigmatisation objective des Juifs ! En effet, l’argument de Sfar et des deux autres journalistes ne pouvait pas s’aggraver. Il ne savait pas qu’en 1807 (le Grand Sanhédrin), Napoléon Ierconvoqua tous les juifs d’Europe, rabbins et laïcs, à leur imposer une réforme de leur religion par laquelle ils renoncent à toute la partie juridique et politique, civile et pénale, de Halakha, loi juive, et déclara que le Code civil prévaudrait sur les exigences de la loi juive. Douze questions comminatoires leur ont été posées, dont les réponses (en fait prescrites dans la formulation) devaient décider si elles appartenaient ou non à la nation française. C’est sur cette base que fut créé le Consistoire, à l’époque une superpréfecture pour surveiller les Juifs. Cette réforme de la religion a également été appliquée aux catholiques avec le « Concordat » (1801) avec la papauté, qui a « nationalisé » l’église et l’a coupée d’un lien épais avec le Vatican. Le but de Napoléon était d’établir la primauté de l’Etat et d’intégrer des « corps étrangers » (juifs et clergé) dans la nation issue de la Révolution, objectif national et politique. Ce n’est que sur cette condition préalable quela laïcité a été décrétée un siècle plus tard.
J’ ai développé cette perspective dans un livre publié en 2003, La Résignation de la République. Juifs et musulmans en France (P.U.F.), que le rapport du Président du Sénat, « La nation française, un héritage [2] récemment publié, cite trois fois comme référence pour penser la situation [3].
Il aura été entendu que, dans ce processus, l’islam n’était pas parti pour des raisons historiques. Il n’était pas présent en France. Comment pourrait-il échapper aujourd’hui à la réforme par laquelle les deux autres religions sont passées pour être reconnues dans l’Etat, d’autant plus qu’il ne dissocie pas, dans ses fondements, le pouvoir politique et le pouvoir religieux, et qu’un « califat » s’est érigé avec l’ambition de commander tous les musulmans de la planète ?
L’ islam, comme les deux autres religions hier, pose non seulement un problème politique : l’intégration d’une religion dans l’ordre de l’État. Elle pose également un problème national dans la mesure où laproblème posé par cette religion du point de vue de la laïcité corrélé avec le fait qu’elle est pratiquée par une grande population d’immigrés dont l’intégration dans le corps national constitue un défi majeur et n’est pas encore achevée [4]. Suggérer que les Juifs sont au même niveau de développement (dans l’intégration nationale) que les musulmans et les immigrés est la véritable stigmatisation. Le refus de faire face au problème de l’intégration et de l’islam et des populations d’origine immigrée est en effet le problème.
Shmuel Trigano
[ 1] Dans chaque attaque (en particulier contre les Juifs), au lieu de tenir compte de la motivation islamique et antisémite des terroristes, le racisme antimusulman est mis en garde afin que la victime devienne musulmane et soit au centre de la mobilisation publique. On pourrait demander aux musulmans, aux autorités de l’Islam, qui recommandent aux terroristes de condamner l’acte en question ? Les plus hautes autorités de cette région, par exemple l’Imam Qaradawi, figure de premier plan deLe Qatar, chef du Conseil de la Fatwa pour l’Europe, a publiquement appelé à l’assassinat de juifs en tant qu’acte religieux devant un million de personnes sur la place Tahrir au Caire pendant le « Printemps islamique ».
[ 2] http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/154000259.pdf
[ 3] Voir aussi mon article dans Le Débat de ce mois-ci, « La laïcité, entre nation et République ».
[ 4] Le principe selon lequel tout nouveau venu adopte le modèle de la société dans laquelle il entre est en crise. Avec la décolonisation, des populations d’identités différentes se sont séparées. Dans le monde musulman, les non-musulmans ont dû quitter les nouveaux États, qui ont tous adopté l’islam comme source de la loi. La reclassification identitaire est maintenant contestée par les populations immigrées maintenant installées dans les anciennes métropoles coloniales (cette idéologie est définie comme « post-colonialisme » et « multiculturalisme »).